J’arrive à Seattle le 26 aout vers 23h.
L’aéroport est gigantesque, mon avion a du retard, et ni Adam ni moi-même ne possédons de téléphone, on ne s’est pas donné de rendez-vous, et j’ai à peine le temps de me demander comment on va faire pour se retrouver, qu’il entre comme une fleur par la porte ou j’attends mon bagage, tout à fait « par hasard », en retard comme mon avion.
C’est délicieux de le retrouver tout souriant, avec ses tifs comme une œuvre d’art tentaculesque royalement emberlificotée autour de sa tête pleine de taches de rousseur (moooooooh!!), à l’autre bout du monde, en seulement 24 h de voyage. Avion = magie.
Et me voilà en Amérique sur une autoroute à 4 bandes pour quelques heures de route, avant d’arriver à Portland dans l’Oregon, épuisée, dans la baraque immensissime (en rénovation) de ses parents. On dort par terre dans le jardin sous les arbres pour 3 ou 4 heures, et le lendemain on court dans tous les sens pour préparer costumes et provisions, car on part tôt le lendemain matin pour Burning Man ! Avec 9 h de décalage, je plane carrément. Le temps file. Ses parents sont adorables.
Le lendemain matin on part vers le Sud direction le Nevada dans un bus réaménagé avec des hippies et 4 autres personnes. On plante la tente sous les sapins pour une nuit et on se baigne dans des sources d’eau chaude réaménagées à côté d’une rivière au milieu de nulle part près de la route.
Vroum vrouum… Les paysages sont grandioses et vastes. On arrive la veille de l’ouverture des portes à Burning Man, la nuit, et on peut voir la « Black rock City » comme ils l’appellent, depuis la colline où on passera la nuit. C’en est à couper le souffle tellement c’est beau, toutes ces lumières colorées, vibrantes d’une énergie endormie qu’on sent prête à se dévoiler bientôt, bientôt…
Zzzz…
Le lendemain à l’aube on décolle tôt pour ne pas se taper la file de bagnoles connue pour être interminable et complètement déjantée (évidemment) mais on y échappe comme par magie et on rentre dans la ville assez tôt. Hé oui c’est une vraie ville, avec des noms de rues, et c’est gigantesque… Cette année il y a eu 70 000 personnes. Incroyablement démentiel, et à la fois complètement sain et naturel.
Tout est génial à l’intérieur (j’en ai presque la tête qui tourne tellement je suis heureuse d’être là, mais bon, il fait mourant de chaud aussi)… Tout, à part peut-être le conducteur du bus de hippie avec qui on a planté notre tente; il n’est pas des plus sociables, disons, un peu querelleur et égocentrique, pour faire court.
Tout en se disant qu’il va falloir qu’on se taille en emportant nos pinces à vélo (et nos deux vélos, et notre four à énergie solaire super lourd, et notre frigo box, guitare, ukulélé, deux sacs à dos, et bouffe. Oush.) On roule au hasard dans les rues de la ville jusqu’à l’autre bout, et tout en se disant que ce serait génial de se faire adopter par un de ces incroyables camps, on s’arrête devant un camp pour lire un écriteau; un autre couple de jeunes adorables s’arrêtent, Jo et Cat, et on papote, et là ils nous disent qu’ils peuvent nous adopter, ils ont un camp qui offre du thé et du café qui s’appelle CAFE DIEM.
On est aux anges. Leur camp est à deux rues du nôtre, bien qu’on se soit rencontrés à l’autre bout de la ville. Et c’est toute la magie du lieu, synchronicité ! Le lendemain on déménage dans notre nouveau nid.
La journée, on peut visiter tous les camps qu’on veut, faire des workshops, on reçoit de la nourriture et toutes sortes de trucs depuis les camps ou gens que l’on rencontre.
Une des règles à Burning Man, ce n’est pas d’échange monétaire, alors tout est gratuit. C’est génial, et ça change vraiment le contact avec les gens, de supprimer l’aspect financier dans les relations. Il y a plus d’amour en fait, tout simplement. Les gens se donnent des petits cadeaux, ou gros, pour le plaisir de partager entre humains, sans sentir le moindre soupçon d’opportunisme, ou d’attendre de recevoir quelque chose en échange… Un petit creux au beau milieu de l’après-midi, et tu reçois une délicieuse glace à la noix de coco en échange… d’un hug (câlin)
Une autre règle, c’est qu’il n’y a pas de « eux et nous », pas d’organisateurs et de spectateurs, tout le monde doit participer à l’énergie créative ambiante, du coup les gens ont des costumes incroyables, ou sont à demi voir totalement à poils, grand sentiment de naturel et de liberté. Les œuvres d’art sont très souvent interactives, ainsi l’artiste partage son statut d’artiste avec le public.
J’ai participe a un workshop de danse Bhuto, une danse qui a été créée après la bombe Hiroshima au Japon, et qui s’inspire des corps irradiés en agonie.
(voir vidéo exemple)
J’ai participé à un cercle chamanique pour trouver mon Power Animal dans les tréfonds de mon inconscient (je l’ai trouvé…), à un cours de massage, transfert d’énergie et télépathie.
Monkey Chant, inspiré des chants traditionnels d’Indonésie.
J’ai bravé les terribles tempêtes de poussière sur mon petit vélo, parée d’un masque de ski et emmitouflée dans un foulard, ne voyant parfois pas plus loin qu’à un mètre devant moi.
Et la nuit, tout bascule, c’est un tout autre monde.
90% des gens ont des lumières psychédéliques et des vélos flashouillants décorés, vélos déguisés en licorne ours en peluche ou que sais-je, recouverts de fourrures rose-fluo-clignotant et j’en passe.
Véhicules excentriques de tout poil qui débarquent quand on s’y attend le moins, et qui crachent souvent du feu, quand bon leur semble.
Tout cela sous les étoiles scintillantes de la Californie au milieu d’un ancien lac asséché entouré de montagnes qui décoiffent sévère.
Je sens, lors de ce festival, mon âme d’enfant remise à jour, par ce bonheur d’être dans l’instant et d’avoir tant joué avec toutes ces œuvres d’art, et déliré avec tous ces gens en costumes dingos. Je sens le bonheur d’appartenir à cette grande famille humaine, la richesse et le potentiel de tous ces talents ensemble.
Et je rêve de sauter dans l’eau ! Pu…naise ce qu’il fait crevant de chaud, et la poussière s’infiltre partout, même dans une tente fermée! On sera secs comme des vieux croutons pendant au moins deux semaines, et j’ai vraiment cru que mes cheveux ne s’en remettraient jamais.
J’ai omis de vous parler de deux monuments clés très importants:
Au centre de la ville s’élève « The Man »
Et il a aussi le Temple,
Très joli de loin, je le découvre un matin après une nuit blanche. Je ne m’attendais absolument pas à ça, on ne m’avait rien dit. Le building, tout en poutres de bois, s’élève gracieusement dans une sorte de tunnel en spirale, et ce sont les gens qui le rendent beau. C’est un grand autel en fait, pour 70 000 personnes… Partout où les yeux se posent, il y a un petit mot, un grand texte, des photos, un objet en rapport avec ce que les gens veulent laisser aller, ou bien des événements pour lesquels ils sont reconnaissants. Mais il y a définitivement une énorme charge de souffrance dans l’air, c’est très émouvant. C’est très calme, beaucoup de gens sont arrêtés, lisent ce qu’il y a sur les murs. Certains pleurent, d’autres méditent.
Voilà, cette expérience fut sans doute l’une des plus marquantes de ma vie et j’espère avoir la chance d’y retourner l’année prochaine…
Aucun moyen de vous montrer mes photos personnelles, car je ne peux pas lire ma carte mémoire, je le ferais dès que possible ! Merci de m’avoir suivie, paix et amour dans vos vies… JAY !
Genial! <3 :*