« En ce qui concerne la nature de Bouddha, il n’y a aucune différence entre un pécheur et un sage… Une pensée éveillée et on est un Bouddha, une pensée stupide et on est à nouveau une personne ordinaire »
Hui Neng (grand maître zen)
Je me rape-tape-éclate avec 12 heures de route en bus gouvernemental depuis Rishikesh jusque Shimla, capitale de l’État d’Himachal Pradesh super touristique (pour les indiens), où je compte passer juste une nuit pour ensuite aller rejoindre ma copine nonne bouddhiste dans les montagnes encore plus loin.
Dans le bus, petite anecdote, je suis assise au premier siège à la hauteur du chauffeur juste devant le pare brise. Ben ouais, j’ai bien choisi ma place, chouette vue. N’ayant roupillé que deux heures la nuit précédente je pique du nez au premier tournant. Et là à ma grande surprise le chauffeur me crie dessus « HEY ! MAT SO JAO », ce qui veux dire « ne dors pas ! », et il me dit que je peux pas dormir. Comme il se marre j’ai un petit doute sur le fait qu’il soit vraiment sérieux ou pas ? Du coup je me rendors et là il me re crie dessus, le type de derrière me tape sur l’épaule. Il est interdit de dormir quand on est assis au premier rang, car ça peux influencer le chauffeur à faire pareil. Bon ok, ça a du sens.
Dommage pour moi que le bus est bourré à craquer et que je peux pas changer de place, haha.
J’arrive à Shimla seule, à 22h30, épuisée. J’ai tout de suite une mauvaise impression de la ville, c’est la foule, les gens sont les uns sur les autres à se pousser à hurler y’a des tonnes de véhicules. Ca sent pas bon. Super. J’garde le sourire mais suis sur les nerfs. J’ai pas d’hôtel. J’en peux plus. Bon, allé, on garde la tête froide, vieille branche. C’est pas la mort du tout, ce sont les aléas de la vie du voyageur.
Tiens, voilà une guest house qui à l’air pas mal. Deux types qui papotent-fûmotent-sirotent en bas me disent « hé, il vous faut une chambre? Attendez le patron est pas là il va arriver. Vous avez de la chance, c’est l’hôtel le moins cher de la ville, seulement 600 roupies la nuit » (Ok. Gloups. Mon budget c’est 200. Mais je suis tellement épuisée j’aurais douillé sans broncher). Mais en fait y’a pas de chambre. C’est rempli. Tous les hôtels du coin sont remplis à part des chambres à 2500 la nuit. Re-mon coeur qui se serre merde je vais dormir oùùùùù?
Et en fait il s’avère que les deux types en bas sont vraiment adorables. Un plus âgé d’une cinquantaine d’années, et un jeune de mon âge. Ils ont l’air bons amis, ce sont des locaux qui tiennent des magasins.
Ils sont rigolos et je sens qu’ils ont un bon cœur. Ils me demandent si je suis ok pour un « homestay », je comprends pas tout de suite qu’en fait ils me dépannent en me proposant de rester chez eux, dans leur maison…. Waw.
J’accepte sans aucune double et atterri dans la famille du plus âgé, avec sa maman et son neveu, adorable l’un comme l’autre, qui me disent que je suis chez eux chez moi, la grand-mère me dit que je suis comme sa fille, me filent un repas alors que j’avais rien mangé de la journée, et m’installent dans un lit super confortable, gratuitement bien sûr, me disent que je peux revenir n’importe quand.
Faut que je leur envoie des chocolats quand je serrais en Belgique, j’ai pris leur adresse… (Faut VRAIMENT que je le fasse rappelez le moi quand vous me verrez s’il vous plait!)
Adieu les tensions et le cœur serré, je m’endors pleine d’amour pour le genre humain et les Indiens.
Le lendemain après un coup de fil je découvre que mon amie nonne est en fait pas disponible. En fait, je le sentais avant de partir et j’ai pas écouté mon instinct. Encore une bonne leçon ? J’ai fait tout ce trajet jusqu’à Shimla pour rien ? Ou pour rencontrer cette adorable famille et leur hospitalité? Pour apprendre à écouter mon instinct ?
Mais je sens bien que rien n’arrive sans raison, bien qu’il pourrais sembler que j’ai fait tout ce trajet pour rien, j’ai l’impression d’être en fait exactement là ou je dois être. Chouette sentiment.
« Seule notre quête du bonheur nous empêche de le percevoir. Il est comme un arc en ciel éclatant que l’on poursuit partout sans jamais l’attraper, ou comme un chien qui court après sa queue. La paix et le bonheur ne sont pas des choses ou des lieux réels, et pourtant, ils sont toujours accessibles, à chaque instant. A tant vouloir saisir l’insaisissable, vous vous épuisez en vain Dés que vous ouvrez et détendez ce poing serré qu’est la saisie, un espace infini est là ) ouvert, accueillant et confortable. Utilise cet espace, cette liberté, cette aise naturelle. Ne cherche pas plus loin. Ne vas pas dans la jungle inextricable à la recherche du grand éléphant éveillé qui repose déjà tranquillement chez toi dans ton propre cœur ».
Guendune Rinpoché
Et donc le matin c’est reparti, je me RE rape-tape-éclate 10 heures de bus jusqu’à Dharamshala (d’ailleurs j’ai franchement bien rigolé dans ce bus), et j’arrive aussi à Dharamshala tard dans la soirée, pour des retrouvailles avec des amis absolument magnifiques, chacun en tant qu’individu isolé et aussi en temps que famille ; Lhamo, Ashika, et leur deux marmottons géniaux RoLin et Iliane.
Re -hospitalité familiale, ils m’invitent à rester avec eux pour la première nuit vu que j’arrive tard pour chercher un endroit.
Je me sens bénie des dieux d’avoir de si bons amis…! Je dors super bien avec les pieds d’Ilian à moitié sur la tête toute la nuit.
« Tu dis que tu ne peux rien créer d’original ? Ne t’inquiètes pas. Fabrique un bol en terre pour que ton frère puisse boire. »
Rumi
5 jours de cours de yoga intensif style Iyengar qui commencent demain, à l’Himalayan Iyengar Yoga Center. J’ai aussi commencé les cours de Tai-Chi avec Lhamo, une femme radieuse, qui est maître en Tai-Ji, Kungfu, Chi Qong… Elle a commencé sa formation quand elle avait 11 ans je crois. Elle parle chinois (mandarin) tibétain japonais et anglais. Rien que ça ? (Oh non bien plus que ça, j’en passe et des meilleurs. Je l’adore !!! ) . Son mari Ashika est d’origine israëlo-française, et a vécu 13 ans en Chine, il parle couramment le chinois. Prof de tarot, hypnose, aussi fait de longues études de Tai-Ji… J’en passe également. Un vrai moulin à blagues. Bref, sans vouloir les limiter à ces quelques caractéristiques, on peux dire que ce couple a vraiment la classe, une belle inspiration (Leurs deux enfants sont les plus mignons du monde et ils assurent aussi en langue, chinois anglais et français. J’adore les enfants qui ont du vécu de voyage, ils sont supers éveillés et créatifs et s’adaptent facilement, se font facilement des amis… Si un jour j’ai un petiot c’est sûr que ferais pareil !)
« Je continue à croire que se lever au nom de la vérité est la plus grande chose au monde. C’est l’aboutissement de la vie. Le but de la vie n’est pas d’être heureux ni d’accéder au plaisir et d’éviter la peine. Le propos de la vie est d’accomplir la volonté de Dieu, quoi qu’il advienne »
Martin Luther King Junior
De supers bons moments ici entourée par des gens pleins de bonnes vibrations et de soif d’apprendre, de toutes les nationalités… Dur d’imaginer la vie autrement ! Et pourtant, même les bonnes choses sont impermanentes (Et ouais, c’est tellement plus facile à accepter que tout est impermanent quand ça va mal!! haha!!)
Voilà. C’est tout pour le moment. Goienaaavondd…